Tunisie: Du persil à la légitimité il y a une autre collecte à faire

Le boycott des entreprises sponsorisant la chaîne « Al-Hiwar » dans le but de mater sa voix, leur a réussi.Ils avaient les moyens et la volonté pour y parvenir. Sauf que ce n’est traditionnellement pas l’arme de celui qui est au pouvoir, mais plutôt du contre pouvoir, qui devrait être représenté exclusivement par une société civile solidaire et indépendante.

Une société civile inexistante:

Le constat évident à tirer dans cette affaire de « persil », est que cette société civile a été démunie de tous ses moyens de défense et d’expression.

Depuis que la classe politique l’a déshabillé de ses causes et ses revendications, elle s’efforce de vêtir son existence inerte par un évènementiel ridicule, récitant bêtement l’actualité, posant des questions à son assassin, ou encore transformant un motif de révolte en une action humanitaire.

Pas assez cher mon fils ! Dirait un enturbanné en plein essor printanier.

L’heure est vraiment grave, et ce depuis plus de deux longues années. On a eu largement le temps et les faits pour pouvoir établir une analyse profonde et un diagnostic objectif de notre nouvelle réalité, aussi bien à l’échelle nationale que régionale et mondiale. C’est uniquement à cette société civile que revienne la décision de son propre sort. C’est la responsabilité de ses élites indépendantes et ses experts patriotes de contribuer activement à la constitution d’une opinion publique éclairée, argumentée et structurée. C’est aux différentes organisations et associations de conjuguer leurs efforts dans des œuvres collectives de conscientisation et de diffusion. Le temps nous est ennemi et l’espace nous est réduit.

L’illégitimité est d’abord dans le déficit de représentativité:

Il faut savoir que l’effacement de la société civile est étroitement lié à l’absence de visions communes quant aux problèmes de fond et aux dangers qui la guettent. Alors posons d’abord, sérieusement et convenablement, nos soucis avant de se permettre d’aller plus loin dans une totale obscurité où nous risquons le déclin définitif de toutes nos facultés mentales et civilisationnelles.

Quel modèle de société voulons-nous édifier ? Jusqu’à quel niveau sommes-nous prêts à dissocier le personnel et l’immortel de l’état institutionnel ? Quelle orientation économique nous permettrait-elle d’atteindre notre autosuffisance énergétique et alimentaire tout en préservant notre souveraineté nationale ? Quel modèle de développement assurerait-il le droit des générations futures à une vie digne et saine ? A quelle position de l’univers mettrions-nous l’homme tunisien ? Quel régime politique devrions-nous adopter afin de pouvoir réaliser nos choix ? Quelle constitution nous unirait-elle autour de nos valeurs et ambitions communes ?

A toutes ces questions et à bien d’autres nous devons répondre clairement et sans équivoque.

Néanmoins, face à toutes les réponses, nous devons se demander surtout si cette assemblée qui ne représente que le 1/5ème de la population est-elle en mesure d’incarner les attentes des 4/5ème sans porte-parole à l’hémicycle ?Certainement pas.

L’avenir n’est pas une devinette et la démocratie ne s’exerce pas par télépathie.

Communiquons dans le monde réel et arrêtons la dictature de cette minorité par la dissolution de cette assemblée qui se prend pour un parlement, numériquement illégitime, et qui use de toutes les armes à feu et les embargos silencieux.

Il est déjà tard mais il reste encore du temps.

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