Société civile, il y a du pain sur la planche

Société civile tunisienne fais-toi indépendante et retrousses tes manches, il y a trop de pain sur la planche et le temps presseSans sombrer dans le pessimisme, rien n’augure de journées meilleures. Alors que seul un front patriotique progressiste contre nahda aurait pu être la solution, pour une double raison, ce front s’avère de plus en plus impossible. La première raison, c’est qu’après s’être auto proclamé l’alternative incontournable, après s’être rassuré de l’adhésion massive des tunisiens à son projet fédérateur, BKS récidive dans ses complicités avec nahda en lui faisant à nouveau les yeux doux. En déclarant ouvertement qu’il n’est nullement pressé de voir le parti rétrograde quitter le pouvoir avant les échéances, alors que le pays est au bord de la guerre civile, BKS dit au peuple et à la nation que quoi que nahda fasse de la Tunisie, rien ne pourra la déloger. Monsieur Sebsi espère sans doute s’accorder le temps nécessaire pour donner une occasion aux rangs des mécontents de gonfler, et en faire ensuite un fond de commerce bon marché. Le message lancé par Sebsi au peuple lors de sa conférence de presse de dimanche était sans équivoque. Nul analyste politique de devrait être surpris de telle attitude me diriez-vous? Certes, à une exception près, la ligne politique des deux hommes est quasi identique, les alliances de l’un sont celles de l’autre. La Tunisie sera peut-être débarrassée de l’extrémisme si le front de Sebsi l’emporte, pour le reste, il se condamnera à perpétuer la dictature guidée comme toujours à distance au gré des intérêts du maître à qui l’esclave devra assez paradoxalement obéissance, malgré son accès au pouvoir via les urnes.

Certains diront qu’il n y a pas que Sebsi en Tunisie. Voyons donc ce qui reste d’autre comme possibilités d’alternatives aux tunisiens? Des fantômes de partis disparates, qui peinent à s’organiser en coalition. Si dans les meilleures des cas l’appel SOS lancé par Mohamed Kilani est entendu, il n’amassera pas foule. Les indécis auront encore à basculer entre la coalition Chebbi, et une coaltion de gauche qui devrait voir le jour très prochainement. Certains guidés davantage par la logique d’espérance mathématique de gain que celle du sentiment patriotique ou de convictions idéologiques profondes, pourraient basculer dans le clan Sebsi. Mais quoi quil en soit, le peuple ne doit se faire d’illusions, le salut de la nation ne viendra que du peuple. Si les tunisiens veulent écarter les deux oligarchies Sebsi et Ghannouchi, faut-il encore que les conditions d’un vrai succès de la coalition centriste ou de gauche soient réunies.

La première condition est que la société civile maintienne sa totale indépendance par rapport aux partis.

La deuxième condition c’est que cette société civile se montre disposée à accompagner le tunisien dans l’apprentissage du sens de la citoyenneté responsable.

La troisième conditions découlant de la seconde est que le peuple apprenne à apprécier le candidat non plus sur base d’un discours populiste, mais bien sur base de programme reprenant des objectifs, des moyens, des actions et un agenda, et ceci par rapport à toutes les priorités nationales.

La quatrième condition est que les candidats apprennent à bannir le mystère quant ils auront à présenter les perspectives futures des relations extérieures. Ce n’est que quand le tunisien aura réussi à faire parler sans tabous ses futurs dirigeants sur la nature des alliances futures avec des acteurs externes, que l’espoir de jours meilleurs sera permis. Si nous réussissons un tel exploit, nous dirons que nous aurons réussi à nous attaquer à la donne exogène de la révolution.

Tant que cette question reste une boite noire interdite d’accès au peuple, les conditions de l’exercice démocratique du pouvoir et de la représentation effective du peuple ne seront garanties, et le tunisien sera condamné à subir l’alternance des dictateurs qui ne diffèrent que par le nom et par la prédominance d’un maître par rapport à l’autre. Sebsi avait quasi les mêmes alliances que celle de nahda. Seul le poids des alliances a changé. Est ce innocent que Sebsi se montre docile avec nahda malgré ses dérapages? Sûrement pas! Ce parti n’a t-il pas hérité de ce que Sebsi avait mis en route tout au long des mois au cours desquels il était au pouvoir? Bien sûr que oui! Est ce que Sebsi a présenté son bilan à la nation? Non! La passation s’est faite dans une boite noire, loin du regard indiscret du peuple. Tout ce à quoi le peuple avait droit le jour de la passation c’est ce beau bras dessus bras dessous Jbéli/Sebsi quittant l’assemblée tout sourire face aux caméras.

Que de chemin à faire pour prétendre à un régime démocratique garantissant au tunisien la liberté !

Société civile tunisienne fais-toi indépendante et retrousse tes manches, il y a trop de pain sur la plache et le temps presse.

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