S’il y a un modèle dont Ennahdha devrait s’inspirer c’est celui de la Constitution turque

Les Tunisiens dont la Révolution est devenue un exemple à suivre, un modèle pour les peuples du monde entier en lutte pour leur dignité, savent-ils que leur Révolution qui est censée flatter leur fierté nationale est la première révolution humaniste de l’histoire humaine et que grâce à elle ils sont rentrés définitivement dans le Panthéon de l’histoire ? »

Savent ils qu’ils doivent s’enorgueillir d’avoir exaucé le rêve de Martin Luther King ? Savent ils que leur Révolution a fait deux les dignes héritiers du Mahatma Grandi ? La Révolution tunisienne est novatrice, originale et inédite tant par son esprit que par son mode opératoire. En effet, la Révolution tunisienne a remis la Tunisie dans le sens de la marche de l’histoire et lui a redonné ses lustres Carthaginois et fait briller son étoile aux firmaments des nations majeures doit en tout état de cause rendre jaloux les Tunisiennes et Tunisiens de leur pays. Il n’y a pas de lieu de le rabaisser, le diminuer, le mépriser, en tentant de mythifier un modèle incarnant une supposée réussite sociale et économique de tel ou tel pays notamment la Turquie qui sert en réalité de vitrine à la propagande islamiste. Les Indignés n’ont pas fait cette Révolution pour substituer au modèle de Ben Ali le modèle d’Erdogan. Ils ont fait une Révolution tuniso-tunisienne et non une Révolution à la gloire de la Turquie et pour ré islamiser leur pays. Les tunisiens à l’exemplarité légendaire n’ont pas à souffrir d’une quelconque comparaison fut elle la plus avantageuse. Comparaison n’est pas raison.

Chaque peuple a ses propres caractéristiques et ses propres spécificités. Par voie de conséquence, aucun modèle socio économique n’est transposable d un pays ou l’autre. En revanche, L’exemple à méditer pour les islamistes tunisiens serait celui de Kamal Atatürk en 1924 qui a bien pu s’inspiré du modèle laïc français. On peut légitimement se demander pourquoi les islamistes tunisiens eux qui sont tellement férus de la Turquie et son miroir aux alouettes se gardent-ils de vendre aux électeurs tunisiens le modèle constitutionnel laïc turc ? Est ce par aversion pour la laïcité inscrite en lettre d’or par le père du nationalisme turc introduite en 1937 dans la Constitution de 1924 amendée auparavant en 1931 en supprimant toute référence à la religion ? Est ce par duperie ? Ou tout simplement est ce la preuve irréfutable de leur incapacité à concevoir un modèle dans l’esprit de cette Révolution areligieuse ou’ ils avaient brillé par leur absence ? Le fait même qu’ils se réfèrent à des modèles étrangers est la preuve formelle de leur fait degré de sentiment d’appartenance nationale.

L’Islam lui même prohibe le nationalisme. On n’est pas national d’un pays, on est membre de la communauté musulmane qui transcende les frontières politiques. Étant donné le culte qu’ils vouent au modèle turc pourquoi n’imagine t’on pas un échange entre ledit modèle et celui de la constitution laïque turque ? Peut être qu’ils seraient mieux inspirés et fidèles à l’esprit de la Révolution tunisienne. Sachant qu’une telle proposition relève de l’hérésie mais elle s’inscrit néanmoins dans l’esprit de leur projet politique pour la Tunisie. Ainsi ils auront enfin l occasion de témoigner de leur attachement indéfectible à la laïcité inscrite en lettre d or dans la nouvelle constitution. Ils semblent ou feignent d’oublier une différence de taille entre la Turquie et la Tunisie est que la première repose sur un socle républicain depuis 1924 en faisant de la laïcité son principe fondateur, moderne, de droit positif, démocratique et religieux hérité du kamalisme et opposable à tous y compris aux islamistes au pouvoir qui n’ont aucune marge de manœuvre pour amender la constitution du fait qu’ ils ne possèdent pas la majorité qualifiée pour amender la Constitution nonobstant le rôle de gardien de la laïcité de l’armée turque, tandis que la seconde est en phase de gestation et de balbutiement démocratique ou les islamistes tunisiens contrairement aux Turcs seront partie prenante dans l’Assemblée Constituante et ils ne vont pas manquer d’apporter leur contribution à l’élaboration de la nouvelle constitution tunisienne que nous pourrons imaginer à juste titre qu’ elle sera plutôt d’ inspiration canonique plutôt sur le modèle Afghan ou Wahhabite que Turc.

On peut donc imaginer qu’ au lendemain du 23 octobre 2011 les islamistes tunisiens fidèles à leur idéologie du Tawheed en l’occurrence l’unitarisme qui vise à une confusion totale et absolue des pouvoirs fondés sur des lois émanant d’Allah et jamais des Assemblées des hommes, faisant du Califat un modèle de gouvernance politique à l’antipode de la République, n aillent pas chercher à inclure dans la future constitution une loi fondamentale validant le statut constitutionnel de la loi ultra conservatrice et réactionnaire de la Charia inégalitaire et mysogine. Ce qui aura pour effet la mise à mort de la constitution elle même et tous les droits acquis hérités du Bourguibisme dont l’acquis le plus illustre celui du C.S.P. et des droits de la femme qui font la fierté de la Tunisie, ainsi que la fin du rêve démocratique que les Tunisiens qui est devenu une réalité si fragile depuis le 14 janvier 2011 que les islamistes couards ne cessent de saper et pervertir son esprit en surfant honteusement sur la misère d’autrui. C’est comme si la démocratie est synonyme d’oboles et d’aumônes. Les islamistes tunisiens contrairement aux Turcs se comportent comme des vulgaires mafieux colombiens qui achètent le silence ou la voix des damnés de la terre à coup de babioles et autres gadgets made in China. L’indignité politique dont ils font preuve est un poison mortel pour la démocratie naissante en Tunisie et de surcroit attentatoire à la dignité humaine. Faute de ce garde fou constitutionnel dont jouit la Turquie et qui la protège contre l’islamisation de ses institutions, de même qu’à la différence de la Turquie dont le regard est tourné vers Bruxelles, la Tunisie se tournera vers l’Orient, cause pourtant de ses vicissitudes actuelles et ses traumatismes historiques et humains passés. Qu’il n en déplaise à certains et jusqu’ à preuve du contraire, l’Islam dans sa variante politique n’a jamais fécondé un État démocratique digne de ce nom. Dans toute l’histoire de l’Islam politique, il n’existe aucun exemple de pays musulman qui s est réellement doté d une identité politique propre et séparée de la religion elle même.

Sauf la Turquie qui a adopté les valeurs politiques de l’Occident pour des raisons géopolitiques pour ne pas subir l’affront du peuple colonisé. S’il y a une piste de réflexion pour les islamistes tunisiens à mener est la transposabilité de ce modèle laïc dans la nouvelle constitution tunisienne. Eux qui sont obsédés par le mythe du miracle turc, ils seraient avisés de s en inspirer et affirmer leur attachement inaliénable à la laïcité et partant de là de donner aux Tunisiens des gages politiques et juridiques à l opposé de leur courant de pensée idéologique basée sur le droit canon et le totalitarisme théocratique véritable ennemi du droit positif, archaïque, rétrograde, répressif, liberticide et attentatoire à la dignité humaine et aux droits de la femme. Plutôt que de la voir s’atteler à l’attelage poussif, désaxé, rétrograde et ultra réactionnaire conduit par les wahhabites et les frères musulmans traçant ses sillons dans le désert de sable arabique. Il est à craindre que Le curseur constitutionnel tunisien ne suivra pas la même direction que celui de la Turquie pour des raisons évidentes, à cause des enjeux politiques et économiques qui les distinguent ainsi que la viabilité du terrain démocratique des deux pays. Le terrain turc est viable, solide et immunisé contre la tentation utopiste islamiste. On peut y bâtir, renforcer les piliers, rénover, les édifices politiques, tandis que le Tunisien ne l est pas encore, il est en état de friche, ils attendent l agrément citoyen dont personne n en connait le contenu encore et les orientations qu’il contiendra qui pourraient avoir de forts relents islamistes. La Tunisie à défaut d emprunter la voie constitutionnelle turque risquerait fort d emprunter celle qui sera balisée par ses islamistes qui sera à contre-sens de la Turque. Ainsi, il y a tout lieu de croire que ses lois fondamentales seront d obédience canonique. Et qu’en guise de constitution elle aura le Coran.Le destin politique et humain de la Turquie sera inexorablement européen, pérenne et humaniste, le tunisien prendra un accent wahhabite ou soudanais synonyme de barbarie, d’injustices, de désordre juridique, de charia, de despotisme et de totalitarisme théocratique. Dans ce contexte ou tout sépare les deux pays au plan des institutions politiques en terme de maturité et d’ expérience démocratique, plus de 80 ans d’ écart entre les deux, il est malsain et malveillant d’ évoquer l’ importation en Tunisie d’ un modèle socio économique à la turque qui est en réalité une vue de l’ esprit, il faut surtout et d’ abord doter le pays de fondations démocratiques et républicaines pour que le nouvel édifice ne soit pas à la soudanaise ou à la saoudienne et justement parce que des gens crédules risqueraient d’ être dupés par les propos lénifiants et soporifiques des islamistes jihadistes sur la Turquie qu’ il faut les mettre en garde sur les manœuvres dolatoires de ces deniers nostalgiques de l’ oumma fantasmagorique que partisans d’ une République inspiré du modèle républicain turc. Seul pays au monde avec la France à avoir fait de la laïcité son socle constitutionnel.

Tant que la Tunisie n’aura pas des lois fondamentales instaurant et pérennisant des institutions politiques modernes et démocratiques et pourquoi pas sur le modèle constitutionnel turc en octroyant à la laïcité un statut de loi fondamentale et bannissant l’application de la loi canonique de la charia, tout le reste est un leurre et hautement néfaste pour la Tunisie. Curieusement, les islamistes tunisiens turcophiles se gardent de promouvoir le modèle constitutionnel turc à cause justement de son caractère notoirement laïc tant honni par eux. Grace à sa laïcité la Turquie est un pays qui se projette dans l’avenir. A cause de la loi canon de la charia, la Tunisie ratera la marche du train de l’histoire et restera sur les bords du chemin à regarder son passage. L’enjeu n est pas que politique il est d’ abord humain et sociétal d’ou la nécessité impérieuse d’une constitution à la philosophie laïque et progressiste.

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