Que de couscous pour si peu d’amateurs

11 millions de mangeurs de couscous peuplent la planète, parmi eux 08 millions d’adultes potentiellement amateurs. Seuls 4,5 millions d’entre eux ont bien voulu se déranger pour la toute première grande fête libre et populaire du couscous. Alors que 3,5 millions de lève-tard ont préféré prolonger leur sieste ce jour là , parce que non convaincus de l’authenticité de la fête.Les choix se sont repartis équitablement les recettes: 1, 5 millions ont voté pour le couscous divinement bon, 1, 5 millions ont voté pour un couscous mécréant, parce que non divin mais tout aussi bon et les 1, 5 millions qui restent, leurs votes sont allés directement à la poubelle parce que destinés à des couscous qui furent un vrai ratage.

Quand vous avez à choisir entre differents couscous, je comprends bien que vous soyez tous embarrassés devant des choix aussi nombreux que fastidieux. L’un est alléchant, à l’agneau de Bir Hefay ou de Oueslatia aux odeurs du thym et de romarin. L’autre est succulent, à l’odeur enivrante du poisson: un mérou de Cap Serrat ou un denté de Bizerte. Et ce troisième couscous, savoureux à la Osbana* au foie et aux raisins secs, autant il vous berce le palais qu’il vous caresse les papilles car venant du Sahel, de Sfax ou du Sud du pays. Et puis, il y a cet autre couscous, plus populaire car abordable pour les petites gens et les petites bourses, faute de moyens, ceux-là aiment se rassasier aux moindres frais, en effet, en gagnant l’harissa, ils consentent de perdre l’argent de l’harissa, car il est vrai que la chair fade et insipide du poulet de batteries qui accompagne cette semoule ne peut en aucun cas vous faire voyager plus loin que la basse-cour infecte et nauséabonde qui a vu sa naissance. Il y a aussi le couscous menteur, celui là vous promet monts et merveilles mais au final…rien, celui là vous fait croire qu’il est à la « zhouma** » alors que vous n’en verrez pas la couleur. Vous avez également le couscous « El jamma » fait de semoule mélangée aux feuilles de fenouils anisées, dont la sauce piquante vous fait sauter la gencive.

Que de couscous, j’en oublie sûrement…Ah! Et le « Borzgène*** » du nord ouest une pure merveille de finesse et de saveur, mais malheureusement hors de bourse. Le couscous Merguez, peu de gens apprécient car le label « merguez » veut en réalité dire « arnaque ». Et finalement, vous avez les couscous sucrés, des douceurs aux raisins frais ou à la grenade, au lait ou au beurre, des raffinement qui fendent en bouche aux senteurs de nesri ou de fleurs de bigaradier, des pures merveilles.

Voila l’état des couscoussiers au sortir des urnes du vingt-trois octobre et les choix consentis en toutes âmes et consciences par des fidèles connaisseurs, et autres amateurs indifférents et d’autres je-m’en-foutistes intéressés, pour lesquels peu importait le couscous pourvu qu’il y avait le mouton de l’aïd.

Résultat des courses, à la sortie du repas ce jour là, je comprends bien que les mécontents soient plus nombreux que les satisfaits vu la disparité des choix au regard des moyens des uns et des autres. Mais comme il s’agissait de repas test, je suis sûr qu’à la prochaine invitation pour le couscousseraie du bouquet final, les options seront moins farfelues et les choix mieux réfléchis.

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