L’ERE HMILA: L’expression d’une révolution vraiment inachevée

Doyen de la Constituante, M. T. Hmila eût l’honneur de sa première séance historique: première assembée et suite. Cette coïncidence – accident historique? – n’en est pas vraiment une.La révolution, faite par des révolutionnaires, porta aussi et surtout à la constituante des personnages à la couleur des temps que je dirai plutôt anciens; jamais pour l’âge de l’homme mais surtout pour ses excès et un sens de la politique qui ne me paraît aujourd’hui utile qu’à titre d’illustration pratique du besoin de s’en passer.

Légitimité ou pas à part, l’homme, mieux connu par les siens, n’était pas d’une sagesse inouie. Ce que de certains prendrait pour ‘un phénomène’ en est vraiment un mais au sens politico-social du terme. La longue interview de ce soir m’en donne confirmation.

Ce n’est naturellement ni le CPR et ses ‘guerres intestines’ vite déclarées ni même les bavardises et causeries de l’intéressé qui m’intéressent en tant que telles. Bref, en moins de deux phrases, l’homme -aujourd’hui et jusqu’au 8 janvier2012, étant ou se voulant chef de file du CPR( déjà par ses scissions Connu Pour Rabacheries),vous cèdera 36 contradictions, 72 pour 4, 104 pour 8 et ainsi de suite.

En voulant servir le président, il l’enfonce non seulement en affaiblissant son parti à la scission duquel il prête main forte; voire la plus destabilisante mais aussi en associant l’homme du CPR, à l’assise populaire déjà faible, à quelque chose qui ressemblerait à ‘l’utopie’, à cet état de ‘ne pas avoir les pieds sur terre’. Le plus commun des hommes aurait compris que c’est précisément ce qu’il ne faut pas être quand on est président d’une république en crise ou aux premiers pas. Du secrétaire général duquel il est aujourd’hui concurrent, il emploiera le terme Ferzit ‘ petit oiseau’, mais dans la connotation la plus péjorative possible.D’Oum Zied, l’une des femmes les plus appréciées des tunisiens de ces derniers mois, il dira pire etc… A sa guise et sur décision de ce qu’il appelle le ‘bureau politique’, il expulse deux membres du parti, députés provisoires de leurs statuts, du groupe CPR. Du même secétaire A. Ayadi, il dira tout azimut ‘ c’est moi qui l’ai installé au poste’. ET mille autres choses de tout un chacun. De N. Chebbi, avec qui il doit avoir collaboré pour 2 ans de reconnus, il dira en motif de son départ ou probablement exclusion que ‘je l’ai laissé avec dhraari-h ‘ Ses gamins’ au sens littéral, ses ‘partisans’ au sens plus ou moins forcé.

A l’observation assez utile du journaliste qui lui fait noter qu’il était voir le Président nouvellement au poste à 22h et lui demandait de plus amples détails quant aux raisons de sa visite nocturne au palais, l’interlocuteur commençait d’abord par répondre par ‘ Nous avons cru ‘annulée’ la police politique’, mais il semble que ce n’est pas le cas’ – ce qui constitue déjà une agression au journaliste qui s’en était d’ailleurs défendu – avant de reconnaître qu’il était allé lui faire part de la ‘trahison’ de Ayadi. Le lecteur comprendra le genre.

Pour parler du Président provisoire, l’homme citera Mutanabbi en éloge; ce qui traduit la fibre foncièrement ‘Hahienne’ (de Hachia-t- il-malik) et des méthodes de concevoir la politique.

Des militants de Bardo I, il dira pire. D’une comparaison de Marzougui et de Ben Jaafar, il fera usage d’une anecdote de son propre vécu à expliquer que le président n’est pas beau mais intelligent et que Ben Jaafar est certes beau mais inapte, sauf au balai. Bref, tout l’art non intentionnel de faire deux ennemis d’une phrase. Et la liste est plus que longue.

Des mêmes militants de Bardo I, il repètera qu’ils sont ‘mugharrar bi-him’ au sens de ‘manipulés, induits en erreur, bien entendu, par d’autres mains invisibles.

A. A. Jrad, accusé de corruption, il demandera tout bonnement, en conseil d’ami, de ‘nettoyer’, ‘purger’ l’UGTT!

De A. Briki, il dira tout simplement qu’il s’est trompé de poids et est appelé à plus de modestie etc..

Du salaire des membres de la constituante -2500DT- il dira très modestement que c’est peu au vu des frais et besoins, déclarant au même temps que rien que pour la période passée; soit du 23-10 au 17-12, (56 jours) il a lui même déboursé plus de 1000DT. Refaisons les comptes: Parce que l’on dépense 1000DT en presque 2 mois, on ne pourra donc s’en sortir qu’à raison de 2500DT/mois.

Pour être conseiller du président – ce qui risquerait de paraître comme une calamité nationale- l’homme reconnaît avoir besoin d’une maison et d’une voiture. Interrogé sur les motifs, il dira que le déplacement de Carthage à Bardo ( ou ailleurs)en fait bien une nécessité ‘pratique’.En temps de crise, l’homme promettra même de rouler à bicyclette si l’on retirait à tout officiel ses privilèges et toutes ces voitures ballouchi. Encore un exemple de réel souci de rigueur et d’économie. Pis encore, c’est même l’une des promesses de M. Marzougui que de veiller à une certaine rigueur; L’ami en fait pire que table rase; d’autant plus que la raison ordinaire dicte à tout homme public soucieux de sa mission et de ses devoirs et surtout du trésor public non pas de faire ‘comme les autres’ mais bien de combattre ce qu’ils font quand ils ‘profitent’ de leur fonction.

Et la liste est encore plus longue.

D’autres éléments – pas moins d’une centaine à mon sens – s’ajoutaient en une heure à ces mêmes ‘ravages’.

De l’utopie’ du président, il dira aussi qu’elle fut aggravée par l’ expériene ‘ligue des droits de l’homme’ de Marzougui, fonction ou ambition -devions-nous apprendre- incompatible avec la présidence, car ‘de qui le président demandera le respect des droits de l’Homme?’ ; ce qui laisse supposer que Président = pouvoirs absolus=Etat et que les droits de l’homme ne relèvent au mieux que de l’opposition et dans les seules limites nationales!.

Et pourtant…

M. Hmila est en somme l’un des produits de vitrine de cette révolution.Beaucoup de charabia et très peu de souci pour la démocratie réelle, profonde et vraie. Beaucoup de prétention ‘militante’ pour trop peu de vérité sociale. Mille insultes pour plus d’un homme et d’une femme et de la poésie à réculons.

Je crois que bien de ces pratiques (l’opportunisme, la nullité politique, la division, le profit ‘financier’, l’égo amplifié, le discours populiste et le manque de respect aux autres, donc forcément aux masses, le lèche-botte tout azimut, la course agressive contre le camarade d’hier et l’ennemi d’aujourd’hui( toujours au faux nom de la fidélité et de la loyauté),l’incitation au mépris, la provocation inutile et le sourire à contre-temps; parmi trente six milles autres vices) relèvent des maux à laquelle la révolution s’oppose. Ces pratiques sont celles de l’éducation de la république des présidents 1956—14-01-2011, de leur monde. M. T. Hmila en est toujours le produit fini.

C’est en ce sens que ce n’est pas l’homme qui m’intéresse mais bien l’étalage qu’il fait de ce phénomène ancien.En ceci, la politique ‘magouille’, rire et comédie dramatique, fait encore l’écran et pour plusieurs le fond. En ceci aussi, la Tunisie en révolution ne reconnaît plus cette façon de récupération banale où la politique, selon ces causeurs de très mauvaise source, se résume à faire léger pour tenter de péser lourd. Cela devait passer dans la Tunisie des années trente, quarante et cinquante, avec un taux d’analphabétisme monstreux et peut-être même dans les trois ou quatre premiers mois de la tragique présidence Zaba mais certainement plus maintenant.

M. Hmila et semblables – et ils sont, je crois, nombreux, expriment tant par leur mode de pensée que par leurs actes deux faits: la révolution ne fait que commencer non pas avec mais contre eux et, plus important, la Tunisie a entamé sa révolution mais celle-ci demeure vraiment inachevée tant le faux prime sur le fond.Les causeries ne font pas un politique et, à plus forte raison un pays qui se veut libre et responsable; y compris de ses dires.

Je trouverai néanmoins un avantage à M. T. Hmila: Il résume à lui seul tout le drame de cette révolution; celui des voix qui poussent pour d’autres qui toussent. Pour le reste, les média feront d’eux du spectacle. Mon intérêt est complètement autre en en parlant: essayer de partir d’un cas somme toute courant pour dire que l’on ne change vraiment pas la société et encore moins le politique en contexte nouveau par des idées et des méthodes anciennes. Libre ensuite au CPR de faire feu de tout linge et de choisir le chef qu’il voit. Et au citoyen de faire porter fruit meilleur à révolution en marche.

La Tunisie souffre encore de ses tsars et davantage en ces temps de ses Mencheviks!

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