La Tunisie en suspension

La Tunisie s’enfonce dans le verbe. Ce bourbon risque bien de la couper pour longtemps des airs de la mutation sociopolitique pour la ramener ‘toute parlante’ à la seule terre des déceptions. Elle se taira alors rendue.Et si ces hommes et femmes dits de gauche ou autres continuent à ‘bavarder’ là où l’État Troïka gouverne – et très souvent aujourd’hui à sa seule guise- qu’en sera-t-il encore de ce demain qu’on dit proche d’élections nouvelles avec, cette fois et jusqu’à preuve du contraire, une constitution et un ou des plans ou programme(s) de travail.

Ma conviction est que la Tunisie peut encore gagner son changement tant attendu: le passage à la démocratie constructive. Ce qui constituera déjà un pas de géant sur sa marche vers la libération nationale et sociale. Or, les conditions politiques actuelles ne semblent guère aller dans ce sens; non pas que la nature de l’Etat aux commandes s’y oppose mais aussi, et pour l’essentiel, de par l’impuissance de l’opposition et son incapacité structurelle à gérer ses impatiences et surtout ses émiettements de ‘tempérament’ et de discorde ‘choisie’.

Au bout de bientôt une année et demi, ces mêmes forces peinent encore à se créer le programme politique de nature à les réunir au-delà de ‘fronts de connivence’. On a beau chercher des plateformes de travail politique, il n’en existe que des ‘programmes’ d’hier ou de demains lointains.

Le moindre des devoirs serait pourtant – y compris avec les partis existants- de se mettre au travail mais de vraie politique; celle de l’élaboration de plans de travail auprès des masses, d’un programme politique de court et moyen termes, d’ateliers s’il le faut et de groupes de recherche. La Tunisie a besoin de données exactes, de statistiques objectives et de ‘carte de route’. La société civile est appelée à y contribuer sans complexes et à ne pas se limiter aux ‘absolus’ du droit. Elle a à faire concrètement partie, dans les faits, de la marche vers le pouvoir. Cela n’est pas pour contredire son rôle d’abord civil, mais un pays ne peut se gouverner que dans et par les cercles. Se détacher de cette tâche, c’est tout simplement céder sa place au moment où il s’agit bien de la remplir et de la fructifier active, réelle et surtout tangible.

La Tunisie a certes besoin d’idées mais elle a surtout besoin en cette phase si cruciale de son devenir de concordance démocratique, de projets politiques avancés, de conceptions faisables d’action économique, sociale et politique.

Que deux, trois ou quatre partis s’unissent n’est pas un tort mais ce n’est surtout pas le moyen de se faire des forces s’il ne s’agirait que d’additions. Le pays a besoin d’une union beaucoup plus rationnelle, car foncièrement politique, avec pour première urgence une plateforme socio-économique et une méthode de travail politique plus agencée, moins hasardeuse et donc plus claire; aux seules conditions de l’étape.

Sans cela, les ‘cercles’ continueront à vendre leurs ‘produits finis’ dans l’anarchie la plus élémentaire, Le pays à se déplumer de son espoir et les chances de rendre à cette révolution son âme et surtout sa force à s’amenuiser au fil des jours; voire des heures.

Nul ne prétend ignorer qu’à chaque mouvance ses horizons, ses objectifs et, probablement, ses méthodes. Mais est-ce vraiment de cela qu’il s’agira dans moins d’un an? Quand faire de la politique n’est pas que formuler des rêves, en faire vraiment, c’est d’abord rêver moins en rêvant mieux.

ET il n’est pas non plus facile d’imaginer que des ‘leaders’ anciens font du nouveau, mais il n’y a à vrai dire que deux seules possibilités: Faire avec en les incitant à démocratiser leurs modes de fonctionnement pour plus de marge à l’action constructive ou, tout paradoxalement, créer un parti qui n’aura de première tâche que celle-ci; celle de réunir autour d’un projet juste les opposants du figement actuel qui n’a eu de cesse d’éroder le schéma du changement national voulu et les porteurs d’un demain crédible; bref, les forces qui assumeront la responsabilité historique de dénoncer les injustices de tout ordre et les dysfonctionnements, d’avancer l’action démocratique à visées sociales et, bref, de se doter des moyens nécessaires pour reconstruire ce beau pays!

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