Riadh MTIRAWI : « J’aspire à faire rayonner la musique baroque française dans le monde notamment celle du siècle des Lumières. »

Cette semaine, on vous plonge dans l’univers de la musique baroque à l’occasion de la mise en place des deux master-class sur l’interprétation du chant baroque destinées aux jeunes tunisiens .

Animées par  Riadh MTIRAWI, ces master-class représentent le fruit d’une coopération entre le Centre Culturel les Solistes et l’Espace Culturel Art&A et la Compagnie les Monts du Reuil, en résidence à l’Opéra de Reims et au théâtre Saint dizier (France).Doctorant à Sorbonne Université et spécialiste de l’esthétique baroque , au milieu de ses activités accaparantes ,  Riadh MTIRAWI a accepté de répondre à nos questions.

Tunis, par un dimanche ensoleillé , Il nous retrace son parcours, nous parle de son métier et nous confie ses inspirations et les moments forts qui ont marqué un tournant dans sa carrière dans une interview inspirante et inspirée…

Entretien.

 

Pourriez-vous vous présenter à nos lectrices et lecteurs (votre parcours, vos inspirations, la genèse de votre passion ?
Je suis artiste lyrique et doctorant spécialiste de l’opéra baroque français à Sorbonne Université et à l’Institut de Recherche en Musicologie (CNRS, SU, BnF, ministère de la Culture). Je suis également titulaire d’un Master dans le même domaine de l’Université de Reims Champagne-Ardenne où j’ai soutenu en 2017 mon mémoire avec mention « Très Bien ».
Je suis formé par plusieurs professeurs de chant tels Simona Caressa, Isabelle Guillaud, et Mireille Delunsch, avec lesquelles j’ai pu progresser et améliorer ma technique vocale.

Mes formations aux divers établissements musicaux comme le Conservatoire à Rayonnement Régional de Reims ou encore le Centre de Musique Baroque de Versailles, m’ont permis d’approfondir mes connaissances autour de l’interprétation du chant français du XVIIe et du XVIIIe siècle.
Je travaille actuellement avec la Compagnie Lyrique les Monts du Reuil en résidence à l’Opéra de Reims et au théâtre Saint Dizier dans le cadre d’une thèse de doctorat dirigée par Achille Davy-Rigaux (directeur de recherche au CNRS) et suivie par Hélène Clerc-Murgier (claveciniste, metteuse en scène, et directrice artistique de la compagnie les Monts du Reuil.)

Ma passion envers la musique classique a commencé depuis ma tendre enfance, j’étais passionné par Schubert et Händel : je n’écoutais pratiquement que les œuvres de ces deux compositeurs.
J’avoue que mes choix musicaux étaient très restreints ; mais cela m’a permis d’élargir, petit à petit, mes préférences musicales, j’ai débuté ainsi le chant lyrique dans les chœurs d’enfants pour finir par enrichir ma culture classique et suivre une formation musicale poussée depuis l’âge de sept ans.

Pourriez-vous nous présenter la Compagnie Lyrique les Monts du Reuil (son histoire, sa mission et ses objectifs) ?

Les fondatrices de la compagne Les Monts du Reuil.

La Compagnie les Monts du Reuil est un ensemble de musique ancienne en résidence à l’Opéra de Reims et au théâtre Saint Dizier, fondée par Hélène Clerc-Murgier et Pauline Warnier . La Compagnie ancre sa démarche artistique dans un engagement philosophique et sociétal et défend la souplesse et l’agilité au cœur d’une programmation audacieuse au service de l’art lyrique.
C’est avec le répertoire méconnu des talentueux librettistes et compositeurs de la fin du XVIIIe siècle qu’elle se dessine une identité unique, adaptant et proposant chaque année une nouvelle vision d’œuvres inédites.

Ses choix de répertoires s’attachent à la qualité des textes, à la générosité des mélodies et à des thèmes universellement connus : Cendrillon, La Mille et Deuxième Nuit, Guillaume Tell, le Fabulaographe (un ciné opéra créé par la compagnie et inspiré des Fables de la Fontaine) .

Les Monts du Reuil inventent ainsi des spectacles de théâtre musical particulièrement innovants, elle est continuellement invitée sur les grandes scènes françaises comme l’Opéra de Metz, de Clermont-Ferrand, de Tours, l’Opéra-comique ou encore le théâtre élisabéthain d’Hardelot.

Vos œuvres revisitent souvent les grands noms de l’histoire, pourriez-vous nous en dire davantage (ciné-opéra « le Fabulatographe » , »l’Éclipse totale »…)?

Oui, Le Fabulatographe est un ciné-opéra imaginé, créé et mis en scène par Hélène Clerc-Murgier et Louison Costes à l’occasion des 400 ans de Jean de la Fontaine.

Le fabulatographe

Cette production s’inscrit dans le cadre de l’univers de Jean de La Fontaine ; un univers joyeux et poétique.
Une projection 3D s’invite auprès des musiciens de l’orchestre et permet de pousser plus loin le jeu avec les mots et la musique. Plusieurs interactions et des jeux de lumière sont prévus avec les artistes : les personnages en 3D comme le renard qui dirige l’orchestre ou le lièvre qui apparaît au-dessus des têtes des artistes sur scène offrent au public une fabuleuse mise en scène inédite.
Quant à l’opéra-comique l’Éclipse totale , il s’agit d’une œuvre de Nicolas Dalayrac qui n’était pas jouée depuis l’époque de sa création à cause de sa partition incomplète.

L’éclipse totale

J’ai donc pu la restituer grâce à des sources conservées à Lille, à Avignon et à Rouen.
L’œuvre est également inspirée d’une Fable de la Fontaine « l’astrologue qui se laisse tomber dans un puits. »

 

Vous avez animé deux master-class autour de l’interprétation du chant baroque en Tunisie:
Deux ateliers se sont tenus, l’un à l’Institut Supérieur de Musique de Sfax et l’autre au centre culturel « Les Solistes »
pourriez-vous nous parler de votre travail?

Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans ce cadre (les deux master-class , les ateliers , l’ambiance générale …) ?
Les masters-class se sont déroulées dans le cadre de mon travail avec les Monts du Reuil.
En tant que spécialiste de l’interprétation du chant baroque historiquement informée, j’essaie de restituer les techniques et l’esthétique vocale de l’opéra français du XVIIIe siècle.
Le fruit de mes recherches musicologiques est ensuite appliqué concrètement à l’aide des chanteurs lyriques, dont les étudiants et les élèves tunisiens qui sont très intéressés par l’art du chant baroque.
J’ai toujours adoré l’enseignement et transmettre mes connaissances et mon expérience personnelle aux apprentis.
D’ailleurs les interventions pédagogiques assurées en France avec les Monts du Reuil étaient des moments agréables et les élèves étaient très contents d’avoir appris quelque chose de nouveau.
Comment se sont déroulés les ateliers et comment avez-vous choisi les participants ?
Les élèves et les étudiants étaient très motivés et avaient de très belles voix.
J’ai même recommandé à certains de continuer leur parcours lyrique jusqu’au bout et même de se spécialiser dans le baroque s’ils le souhaitent.
Le choix des participants revient à leur professeur de chant Ichaf Sallem, qui est d’ailleurs une artiste lyrique et une très bonne pédagogue formée en Italie et en Norvège.

Quels sont vos prochains projets ? Des choses à venir ?
Actuellement, je suis en train de restituer un opéra d’un grand compositeur tombé dans l’oubli depuis le XVIIIe siècle, cet opéra serait mis en scène par une grande artiste française.
La production serait sous la direction musicale d’Hélène Clerc-Murgier et Pauline Warnier.
Je ne souhaite pas dévoiler le titre de cet opéra ni le nom de la metteuse en scène ; mais rassurez-vous : ça serait une belle surprise !

Merci de nous avoir reçus, nous sommes au terme de notre entrevue, si vous avez un mot de fin, qu’est-ce que vous dites ?
Mon objectif principal est de faire rayonner la musique baroque française dans le monde notamment celle du siècle des Lumières.
J’invite donc les chanteurs lyriques, les musiciens, et les metteurs en scène à multiplier leurs productions à l’international ; car malheureusement à l’étranger on ne connaît pas vraiment Rameau, Campra, Lully, et Charpentier, mais plutôt Vivaldi, Bach, ou Händel.
Cela me donne l’impression que la musique baroque française est
sous-exploitée.

La Compagnie les Monts du Reuil:
La Compagnie les Monts du Reuil :
En résidence à l’Opéra de Reims et à St-Dizier les 3 scènes, elle reçoit le soutien de la direction régionale des Affaires culturelles et de la Région Grand-Est, du Conseil départemental de la Marne; elle bénéficie des mécénats de la Fondation Orange, de la Caisse des Dépôts, de la Société Générale (Fonds exceptionnel) et du dispositif Adami 365.

Liens utiles:

 

Entrevue de la Radio Libre Francophone recueillie par Ghofrane Gmati

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