Bonne année à tous: Du reflexe à la réflexion

Une nouvelle année s’ouvre. L’année 2012.La Tunisie, pays d’un processus révolutionnaire condamné à se poursuivre, s’apprête donc à ne plus avaler toutes sortes de ‘couleuvres’. Une révolution ou un changement de fond ne s’achève que par les siens et leurs amis.

Cette même Tunisie souffre toujours et encore de maux anciens. Il est temps qu’on se le dise sans illusions, sans chauvinisme et surtout sans mépris à quiconque; sauf bien entendu ceux qui le méritent amplement. Et ceux qui le méritent aujourd’hui, ce sont ces intellectuels opportunistes qui remplissent scènes et spectacles. Ces médias de faux et ces intellectuels de quatre récitations, deux proverbes, trois ou quatre dates apprises par ouie-dire et mille et une figurations!

Des anciens démons persistent dans la confusion que l’on généralise. Des RCDistes qui tentent encore de se refaire peau moins antique. Des ‘cols blancs’ qui n’ont de cesse de croire en leurs ‘droits’ aux privilèges; ceux-là mêmes auxquels ils n’ont droit que par ‘détournement’ politique. Des chômeurs que l’ont appelle à la patience par ‘devoir national’. Un Etat qui s’installe et qui, bien entendu, reprend ou tente de reprendre sa nature de tous temps; sa nature d’autorité. DE la politique qui n’a de cesse de se cantonner dans l »idéologisme’ sous-développé. Des gauches qui se multiplient dans des gaucheries chroniques. Un attentisme à bras le corps. Une révolution qui avance mais à pas de puce.

Et s’il est un acquis de toute révolution ou changement important qui doit à tout moment être défendu, c’est naturellement le droit à l’expression libre. C’est un droit fondamental. Il appelle à toute heure à l’éveil et à sa protection par ceux qui y croient dur comme FAIRE. Ce droit, on le protège pour le développer, car il y va du droit des peuples de décider de leur devenir, de défendre leurs raisons face à celle des Etats et de porter sur la scène publique leurs préoccupations vitales.

La révolution tunisienne, de plus en plus donnée au mutisme de fait, pourrait longuement souffrir d’une question qui n’a qu’un seul défaut: celui de ne pas avoir été posée: Une constituante, peut-elle, légitime qu’elle est, suffire pour exprimer les voix et les craintes ou même les choix de toute une société? A mon avis, pas du tout. C’est en ce sens que la société civile ne constitue aujourd’hui que ce personnage qui, absent, ne peut avoir que tort. Ce n’est aucunement par le nombre d’associations, d’organes ou de discours (et encore moins de clips ou de commentaires et de massages) que la société civile peut constituer un contre-poids à la politique officielle (Là où Officiel, à mon sens, comprend aussi les partis hors Constituante). C’est à la mesure des questions qu’elle se pose et pose que se mesurent la présence et surtout l’impact de la société civile sur la réalité sociale et d’abord politique.

Ceux qui suivent aujourd’hui les événements tunisiens, les déclarations étatiques et les ‘souhaits’ de l’opposition pourraient bien noter qu’il ne se pose des questions que celles dans lesquelles l’Etat essaye de s’inscrire en urgence. Mais telles ne sont au fait que des urgences d’Etat et pas forcément celles des masses populaires. Tenté d’optimisme, , j’accuserai bien moins un Etat qui s’installe qu’un opportunisme intellectuel qui dure.

Les Etats ne font jamais de la révolution, les ‘intellectuels’ peuvent y contribuer. C’est toute la différence que l’on doit saisir et qui motiverait bien ce besoin de crier fort contre le détournement qu’opèrent à leur insu ou non les opportunistes en n’errant que du côté des questions posées. En voilà certaines de ces autres que l’on tait ou que l’on ne se pose même pas à un moment que l’on sait pourtant crucial pour la vie, la survie ou la mort de cette révolution que je continue à considérer universelle:

Pourquoi l’immunité parlementaire pour les membres d’une Constituante (et non un parlement),et à plus forte raison par temps de crise économique et financière et de tentatives de reprise? Comment contrecarrer le financement illicite des partis en ne se posant plus la question? Quelles démarches ‘légales’ pour préserver la transparence des comptes et quels instruments ont été conçus ou mis en place? Qu’est-ce qui définit ou détermine aujourd’hui la politique étrangère tunisienne, autre que le ministère provisoire, quand on sait qu’il s’agit là d’une politique qui ne saurait relever sous quelque forme de la provision? Quelle part en tout ceci aux ‘hors constituante’? A quand la réforme des médias et par quelles têtes ou mains quand on admet que le devenir d’un pays en dépend aujourd’hui comme une voiture de son réservoir ou une bicyclette de son guidon? On a beau avancer que les médias constituent un réel pouvoir mais suffit-il de le dire et redire à longueur de phrases et de slogans en n’y changeant rien? Beaucoup de tout en dépendra largement. Pourquoi donc rien ne s’y fait? Un mois sur une année, c’est un peu comme une génération sur un siècle. Ce n’est donc plus que du temps perdu mais du devenir relégué!

Ceci nous ramène au sujet: Les ‘intellectuels opportunistes’; ceux-là mêmes qui gèrent les questions les plus ‘populistes’ ou tout simplement celles que l’Etat pose sur la scène et les traîne ainsi à y demeurer, ne servent pas la révolution mais, bien au contraire, la contre-révolution et se servent d’abord. Non seulement ils se laissent emprisonner dans le quotidien et le statu quo étatique mais ils y contribuent farouchement. L’opportunisme de tout genre et à plus forte raison celui des faiseurs d’opinion dans une société assez analphabète ou plongée depuis longtemps dans des crises – réelles pour leur majorité et fictives ou artificielles pour certaines d’entre elles – est une maladie chronique et des plus graves. Il faut en faire une priorité pour garder au peuple son droit à l’expression et pour, surtout, désaliéner les préoccupations socio-politiques. Nul n’ignore que la politique a souvent ses plafonds et ses limites mais l’on ne doit pas non plus ignorer que la réflexion n’en a pas. Autant agir moins par réflexe que par réflexion. Dénoncer l’opportunisme au col blanc ou noir est une propriété de cette étape. Sans cela, le moulin de la révolution n’écrasera que la vérité.

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