A poil sur la toile

Censurez-moi, venez m’arrêter.

Censurez-moi parce que j’ai commis une « faute professionnelle ».

Censurez-moi, mon intention était de pervertir le peuple tunisien.

Censurez moi parce que j’ai montré aux tunisiens ce qu’ils ne sont pas censés voir.

Censurez-moi et apprenez à ma petite personne ce qui est morale, éduquez-moi.

Censurez-moi et occupez-vous des « éléments » que vous considérez « déviants » alors qu’un quart de la Tunisie vit sous le seuil de pauvreté.

Censurez-moi parce que nous vous avons placé au pouvoir et qu’au nom des urnes, toutes vos décisions deviennent légitimes.

Censurez-moi et faites du vacarme médiatique afin de détourner notre attention de ce qui se passe dans le pays.

Censurez-moi car vous n’avez rien de mieux à faire.

Censurez moi cela va encourager les investisseurs étrangers.

Censurez-moi cela va calmer les sit-inneurs.

Censurez-moi tandis que des armes circulent dans tout le territoire tunisien.

Censurez-moi car notre identité Afghano-Pakistanaise ne nous permet pas de tels dépassements.

Censurez-moi parce que la nouvelle Tunisie s’est choisie pour religion l’islam prôné par Wajdi Ghanim.

Censurez-moi et laissez s’exprimer Wajdi Ghanim, qui figure depuis 2009 sur une liste de personnes interdites d’entrée en Grande-Bretagne pour « apologie de la violence terroriste ».

Censurez-moi car l’art n’est que blasphème.

Censurez-moi parce que la nudité est un crime.

Censurez-moi parce que ma vision de l’islam n’est pas assez radicale pour vous.

Censurez-moi parce que la copine de Sami Khedira « séfira ».

Censurez-moi parce que je suis un francophone laïc progressiste moderniste, déchet du RCD.

Censurez-moi et confisquez tous les tirages pour qu’on ne voit pas combien de numéros allaient être vendus.

Censurez-moi parce que j’ai cru pendant un court instant qu’il y a eu une révolution des mentalités en Tunisie.

Censurez-moi et dirigez ma pensée ainsi que mon comportement.

Censurez-moi parce que je suis tunisien.

Censurez-moi parce que nous autres tunisiens, nous sommes condamnés à ne jamais être libres…

Mehdi M’ribah

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